mardi 22 avril 2014

GUERNICA de Pablo Picasso

Guernica, Pablo Picasso, 1937
Huile sur toile,  752 x 351 cm, Musée de la Reine Sofia, Madrid


I. Présentation
1) Introduction
Guernica est une oeuvre monumentale de Pablo Picasso, peinte en 1937. Elle s’inscrit dans le mouvement du cubisme, dont Picasso était un des principaux acteurs.

2) Contexte historique de l’œuvre
Depuis 1936, soit un an avant la création de l’œuvre, la guerre civile éclate en Espagne. Les républicains s’opposent au franquistes, dirigés par Franco, qui cherche à prendre le pouvoir par la force. 
Le 26 avril 1937, la légion allemande Condor bombarde durant 3 heures la ville de Guernica, dirigée cependant par le général Franco, dont Hitler était l’allié. Le but de cette opération était de tester de nouvelles armes, mais l’assaut était ici dirigé contre les civils, tous les hommes militaires étant partis combattre les franquistes.
L’attaque dura 3 heures et fit 2000 morts, constitués de femmes, d’enfants et de vieillards. La ville est presque entièrement détruite. Lorsqu’il apprend la nouvelle, Picasso est horrifié et va s’atteler directement à la préparation de son œuvre.

La ville de Guernica après le bombardement

II. Description et analyse
1) Description succincte de l’œuvre
Le tableau est constitué de nombreux personnages et animaux, qui sont peints très proches les uns des autres, comme oppressés. 

A gauche, on peut voir au premier plan en bas un soldat qui gît à terre, mort. Au-dessus de lui, une femme tient ce qui semble être le cadavre de son enfant dans ses bras en pleurant. Entre un taureau et un cheval, un oiseau est représenté, à peine visible. A droite, une femme semble sortir d’une maison, tenant dans sa main une lampe. A ses pieds se tient une femme à genoux. Enfin, tout à droite du tableau, une femme est représentée dans une maison en flammes en train de brûler.


2. Analyses des figures principales du tableau
a) La mère et son enfant mort

La femme se tient à genoux, comme une pieta (littéralement Vierge de Pitié, qui est donc un lien ici avec la Vierge Marie tenant son enfant Jésus mort au pied de la croix). Elle est visiblement en train de hurler. Son visage est déformé, représenté à la fois de face et de profil, sa langue est pointue, et ses narines et ses yeux ont la forme de larmes. Elle semble crier sa douleur au ciel, tenant donc son enfant mort, le visage inexpressif et les bras ballants, contre elle.


b) La femme brûlant dans la maison en flammes

On peut voir ici un lien entre cette femme et le personnage principal de Tres de Mayo, de Goya. On peut d’ailleurs associer Picasso à cet artiste, car tout deux ont voulu dénoncer ou raconter des évènements historiques marquants à travers leurs œuvres.








c) La femme qui tient une lampe

Son bras et son cou sont allongés, ce qui donne l’impression qu’elle cherche à fuir au plus vite et à s’extirper de la maison dont elle est en train d’émerger. Dans sa main droite, elle tient une lampe, qu’on pourrait rattacher à un flambeau, et qui serait symbole d’espoir.


d) La femme à genoux

Les membres de ce personnages sont complètement démesurés. Cependant, tout son être est tourné vers le flambeau que tient la femme à la lampe (voir c), comme si elle tentait de se raccrocher au peu d’espoir qu’il lui reste.


e) Le soldat mort

Dans le coin inférieur gauche gît un soldat démembré, son bras ayant l’air de lui avoir été arraché. Sa main est encore refermée sur son épée cassée. Une fleur émerge de sa paume, fragile symbole d’espoir. Il est le symbole de la résistance de Guernica et du combattant, signifiant ainsi qu’il ne reste plus beaucoup d’espoir pour tous les habitants.

f) Le taureau

Au milieu de toute cette pagaille, on peut voir un taureau, statique. Représenté à la fois de face et de profil, il y a sur son visage quelque chose d’humain. 
Certaines personnes y voient le symbole de la bestialité et de la cruauté. 
On peut le rattacher à la figure mythologique du Minotaure, figure dont se sert Picasso à plusieurs reprises à travers ses nombreuses oeuvres.




g) Le cheval hurlant

D’après le peintre lui-même, le cheval serait ici une allégorie du peuple. Il est blessé au flanc par une lance qui le transperce. Sa tête rejetée en arrière, il hurle de douleur.


i) La lampe

La lampe, au-dessus du cheval, domine la scène. Elle a la forme d’un oeil, comme si Picasso voulait nous dire que c’est à travers l’oeil du peintre, donc son oeuvre, que le tableau a été réalisé.




h) L'oiseau à peine visible

L’oiseau pourrait être un symbole d’espoir, comme une colombe, mais étant très peu visible, on pourrait en déduire que l’espoir a disparu.






3) Couleurs et composition du tableau

Les couleurs sont sombres et austères, allant entre le noir et le blanc ; le tableau est monochrome. Elles pourraient ainsi renforcer l’idée de mort et de deuil qui envahit la ville. Elles pourraient aussi rappeler les clichés sans couleurs de la ville diffusés dans les journaux après son bombardement.
Le tableau se lit comme une frise. Même si les formes semblent compliquées à démêler, on peut tout de même remarquer que le bas de l’œuvre donne une impression de chaos et de mort, tandis que le haut, avec le flambeau et la lampe au-dessus de la tête du cheval, donne un rendu espacé et donc plus vivant.
Le tableau peut aussi se séparer en trois triangles. La base du triangle principal serait la mort (= peuple blessé, soldat mort), tandis que son sommet serait l’espoir (= flambeau).



III. Conclusion
A travers ce tableau, Picasso a cherché à montrer à tous l’horreur des guerres, et plus particulièrement lorsque celles-ci touchent les civils. Ce tableau, quoique peint pour un évènement particulier, cherche aussi à toucher les guerres passées et futures.

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