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mardi 30 décembre 2014

PORTRAIT DE MADAME MATISSE A LA RAIE VERTE, de Henri Matisse

Portrait de Madame Matisse à la Raie Verte, Henri Matisse, 1905
Huile sur toile, 42.5cm x 32.5cm, Statens Museum for Kunst, Copenhague

I. Présentation
1) L’œuvre
La Raie Verte est un tableau peint par Henri Matisse en 1905. Il représente la femme du peintre, Amélie Matisse. Ce tableau s’inscrit dans le courant artistique du fauvisme.

2) Contexte
Le tableau est exposé pour la première fois en 1905 au Salon d’Automne, à Paris. Très peu apprécié à sa sortie, la peinture est exposée dans ce qui sera finalement appelé «la cage aux fauves». Ce surnom, «fauve», est dû au critique d’art Louis Vauxcelles, très influent au début du XXème siècle. Ce dernier dira donc «C’est Donatello parmi les fauves.» et qualifiera ces tableaux de «pots de peinture jetés à la figure du public».
Tentant de discréditer le fauvisme à l’époque, il lui donnera, cependant, le nom qu’on connaît aujourd’hui.

I. Description et analyse
1) Le modèle
Ce tableau est le portrait de la femme de Matisse. Avec son chignon et son habit, on pourrait lui prêter une inspiration japonaise, ce qui n’est pas un hasard, Matisse s’étant inspiré d’estampes japonaises pour faire le tableau. Bien que sa tête soit de face, elle ne regarde pas le spectateur mais semble fixer un point de le vide. Une impression de calme se dégage de son portrait. Ici, Matisse a enlevé le maximum de détails.

2) Les couleurs
Les couleurs sont ici l'intérêt principal du tableau. Ce sont elles qui ont choqué le public très conservateur à l’époque, car elles sont différentes du ton local.
La raie verte, qui donne son nom au tableau, permet de scinder l’œuvre en deux : à gauche, on trouve une partie dite «chaude» de part ses couleurs qui sont le jaune et le rouge, principalement. A droite, on trouve une partie dite «froide», étant donné que les couleurs sont plus tournées vers le bleu sombre et le vert.
Ici, Matisse n’a plus besoin de définir les contours, mais joue plus sur les couleurs pour créer des formes et une certaine profondeur. Par exemple, le rouge et le vert, qui sont deux couleurs complémentaires, lui permettent de créer une perspective au niveau du menton. Autre exemple : le trait vert qui s’affine un peu et deux tâches plus sombres permettent à Matisse de créer un nez.
Ce tableau est un véritable disque chromatique : le rouge de la robe renvoie au vert du fond, le violet renvoie au jaune et le bleu renvoie au orange. Toutes ces couleurs-là sont complémentaires. Le tableau est au final, très géométrique. Grâce à un jeu d’ombres, Matisse nous donne l’impression que les couleurs chaudes (les couleurs de gauche), sont plus proches de nous.

Des objectifs
Peindre ce tableau à l’époque était quelque chose de très osé. Matisse, considéré comme le chef de file du fauvisme, ainsi que les autres artistes fauves, peignent pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il semble évident qu’ils cherchent à rejeter l’art «classique et traditionnel» de l’époque. Ils sont à la recherche de nouvelles façons de peindre. D’autres part, les «fauves» emploient des couleurs pures qui, souvent différentes du ton local, traduisent plutôt ce qu’ils ressentent plutôt que la réalité.
Par exemple, dans ce tableau, Matisse peint sa femme avec des couleurs chaudes principalement, comme pour montrer ce qu’il ressent envers elle.

III. Liens
1) La Femme au Chapeau, Henri Matisse

La Femme au Chapeau, Henri Matisse, 1905
Huile sur toile, 80.6cm x 59.7cm, Museum of Modern Art, San Francisco
Exposé au même Salon d’Automne en 1905, cet autre tableau de Matisse représente encore une fois la femme de ce dernier en couleurs vives. Très semblable à La Raie Verte, et plus connu, ce tableau a
été un des plus visés par les ennemis du fauvisme en cette année.
D’autre part, un article sur ce tableau est déjà présent sur ce blog ; je vous invite donc à le retrouver ici (cliquez, c’est un lien)

2) Bateaux Dans le Port de Collioure, André Derain

Bateaux dans le port de Collioure, André Derain, 1905
Huile sur toile, 72cm x 91cm, Collection privée
Ce tableau, d’un artiste contemporain de Henri Matisse, a été aussi exposé au Salon d’Automne 1905 dans la salle «fauve». Ce tableau est l’exemple même du fait que les artistes fauves peignent avec des couleurs qui désignent ce qu’ils ressentent. Par exemple, on pourrait penser que le sable rouge évoque pour Derain quelque chose de chaud.

IV. Conclusion

Ce tableau, très controversé à l’époque, est un des premiers de ce qui s'appellera plus tard le «mouvement fauve». 

samedi 27 décembre 2014

LA DANSE, de Roy Lichtenstein

The Artist's Studio : La Danse, Roy Lichtenstein, 1974
Huile sur toile, 244, 3cm x 325, 5cm, Museum of Modern Art, New York

I. Présentation
1. L’oeuvre
La Danse est un tableau peint par Roy Lichtenstein en 1974. Il fait partie de la série de quatre tableaux «The Artist’s Studio», peinte par Roy Lichtenstein dès 1973. Le tableau représente un atelier de peintre avec plusieurs tableaux non-achevés posés contre les murs. Le plus grand des tableaux, à l’arrière-plan, est une citation de Nature Morte à la Danse d’Henri Matisse.

2. Contexte
Cette citation de Matisse aurait été pour Roy Lichtenstein une manière de lui rendre hommage. D’un autre côté, on pourrait penser que Lichtenstein a cherché à «rendre accessible» à la culture populaire un chef-d’œuvre en le peignant de manière plus simple.


II. Comparaison avec Matisse 

Nature Morte à la Danse, Henri Matisse, 1909
Huile sur toile, Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg

1. Les plans et les objets
La première chose qui saute aux yeux en comparant les deux tableaux, c’est que tous les plans ont été changés. On peut observer un aplatissement de la première peinture, tous les plans ont été rapprochés. D’un autre côté, on peut observer que les objets sur la table ne sont plus les mêmes non plus. 
Du pot de fleur posé sur le tapis de Matisse, il ne reste qu’une petite fleur qui dépasse derrière ce qui semble être des lanières de toile. Des pots à pinceaux, une bouteille et une tasse de café sont apparus. Seuls les citrons demeurent : ils sont présents dans les deux toiles et sont aisément reconnaissables.
On pourrait penser que Matisse a cherché à peindre un atelier d’artiste qui y ressemblerait vraiment : des déchets, des tasses de café, des pinceaux ; il prend des libertés par rapport à l’atelier de Matisse, déchargé de tout objet superflu.

2. Les couleurs
La deuxième chose que l’on remarque est que les couleurs ont été changées. Lichtenstein réduit sa palette au rouge, au bleu, au jaune, au vert et au blanc... Et ces couleurs ne sont jamais dégradées ou fondues avec d’autres. D’ailleurs, les pinceaux présents dans les pots portent tous les mêmes couleurs.
Grâce aux couleurs, Roy Lichtenstein donne l’impression d’une case de bande-dessinée, effet renforcé par un dessin simplifié à partir de l’original.
D’un autre côté, on peut aussi noter que les couleurs de La Danse de Matisse ont été changées. C’est comme si Roy Lichtenstein avait fait une auto-citation d’une peinture de La Danse qu’il aurait lui-même réalisée auparavant en prenant pour modèle celle de Matisse.

3. La technique
Pour réinterpréter ce tableau, Roy Lichtenstein emploie des moyens qui lui sont propres comme les "points Benday" et les grands aplats de peinture vive, ainsi que les cernes noirs qui entourent les formes de ses tableaux.
Les "points Benday", peint à l’aide d’une grille métallique, permettent peut-être à l’artiste de pointer du doigt la «reproduction mécanique» de certaines choses.

III. Liens
1. Sound of Music, de Roy Lichtenstein


Sound of Music, Roy Lichtenstein, 1965
Huile sur toile, 122cm x 142cm, Gagosian Gallery, New York

Dans la partie supérieure droite du tableau de Matisse est peinte une fenêtre. Dans La Danse de Roy Lichtenstein, l’artiste pratique une auto-citation en remplaçant la fenêtre d’origine par un de ses propres tableaux, qui représente une fenêtre ouverte. L’effet d’optique pourrait donc laisser croire que Sound of Music est en réalité une fenêtre ouverte.

2. La Danse, de Matisse


La Danse, Henri Matisse, 1909
Huile sur toile, 260cm x 391cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg

Il existe en réalité deux versions du tableau La Danse de Matisse. Cependant, il semblerait que ce soit du tableau «fauve», aux couleurs les plus vives, dont se soit inspiré Roy Lichtenstein.

IV. Conclusion

The Artist’s Studio : La Danse est un moyen pour Roy Lichtenstein de rendre hommage à Matisse en citant son tableau Nature Morte à la Danse

dimanche 6 avril 2014

LA FEMME AU CHAPEAU de Henri Matisse

La Femme au Chapeau, Henri Matisse, 1905
Huile sur toile, 80.6 cm x 59.7 cm, Museum of Modern Art, San Francisco

I. Présentation
La femme au Chapeau est une des œuvres les plus connues de Henri Matisse, réalisée en 1905, et qui représente la femme du peintre. L’œuvre est achetée par les Stein, une famille américaine un peu après sa parution.
Elle est exposée pour la première fois au Salon d’Automne en 1905.

II. Description et analyse
1. Description formelle
Le tableau est un portrait d'apparat, le modèle étant vêtu à la dernière mode parisienne. Il représente la femme de Matisse qui occupe ici tout l’espace.
Elle est peinte assise, le buste de profil, la tête de trois-quarts. Habillée de façon bourgeoise, elle tient de sa main gantée quelque chose qui ressemble à un sac et sa tête est surmontée par un chapeau. Cheveux rouges brique, visage vert et chapeau multicolore... Ce sont autant de couleurs que le public n’avait pas l’habitude de voir au tout début du 20ème siècle.

2. Exposition au Salon d’Automne
Lors de sa première exposition au Salon d’Automne, l’œuvre s’attire de nombreuses critiques. Elle est qualifiée de «pot de couleurs jeté à la face du public» ou encore de bricolages informes, des tâches de colorations crues jetées au petit bonheur». Cette œuvre est pourtant aujourd’hui mondialement reconnue.
Tout le monde reprochait à l’époque à Matisse d’utiliser des couleurs trop vives et pas appropriées pour ce qu’il fallait peindre : qui aurait eu l’idée de représenter un visage en vert ? 

3. Composition et couleurs du tableau
Les couleurs sont ici très vives, utilisées pures (donc non mélangées entre elles) et différentes du ton local. Ce tableau est donc ici un des premiers du mouvement «fauve», nom trouvé par Louis Vauxcelles dans la phrase qu’il écrira : «C’est Donatello parmi les fauves».

Matisse voulait en fait amener le public à reculer pour percevoir «l’effet» du tableau : par le choix des couleurs éclatantes, le peintre veut non pas décrire ce qu’il voit mais faire ressentir «l’éclat» de son épouse.

III. Lien : La Raie Verte, de Matisse


Portrait de Madame Matisse à la Raie Verte, Henri Matisse, 1905
Huile sur toile, 42.5cm x 32.5cm, Statens Museum of Art, Copenhague
Ce tableau représente lui aussi la femme de Matisse ; du point des couleurs, il est très semblable à La Femme au Chapeau. Pour un article plus détaillé, je vous invite à regarder ici (cliquez, c'est un lien).